Quand les apprentissages s'invitent dans le débat démocratique (1)
Environ 6% des enfants souffriraient de dyscalculie ou de troubles du raisonnement logico-mathématique (1) - à ne confondre ni avec une déficience intellectuelle ni avec des difficultés en mathématiques. Même s’il y faut des mois voire des années pour obtenir un rendez-vous, Paris, avec une moyenne de 59 orthophonistes pour 100 000 habitants (2), n’est pas considérée comme un désert orthophonique. Puis-je vous inviter à chercher un spécialiste parisien qui considère avoir les compétences pour réaliser un bilan de troubles du raisonnement logico-mathématique et l’accompagnement subséquent ? Merci d’éclairer ma lanterne si vous en trouvez plus de 40, je n’ai connaissance que d’une quinzaine et ils ne peuvent pas prendre en charge de nouveaux patients. Pensez-vous raisonnablement que, sur les presque 100 000 élèves des écoles élémentaires de Paris (3), les 6 000 enfants potentiellement dyscalculiques peuvent se partager disons 40 orthophonistes ? Qui alors ? Les 500 enseignants RASED (4) de Paris sont-ils supposés limiter la casse en la matière ?
Depuis que les mathématiques ne sont plus obligatoires à partir de la 1ère (5), elles sont appréhendées dès le secondaire comme un enseignement de spécialité facultatif réservé à une forme d’élite qui aurait la bosse des maths dans le sang si j’ose dire - et non comme une matière fondamentale. Nous entendons déjà s’amplifier une petite musique effrayante : de plus en plus de collégiens renoncent à s’investir dans toutes sortes d’activités jugées inutiles (« je ne ferai plus de maths en 1ère ») : par exemple, compter sans les doigts et sans machine, comprendre ce qu’est une multiplication, mémoriser le résultat de 3 x 4, raisonner pour résoudre un problème, etc. Alors mettez-vous à la place d’un élève dyscalculique qui n’a bénéficié d’aucun diagnostic au primaire, moins encore moins d’une quelconque remédiation, et qui se retrouve au collège ! A quand l’éviction de « compter » du triptyque légitimement attendu en fin de terminale : "lire, écrire, compter » ? Ou aurons-nous la chance de lire des propositions sur ces sujets dans les programmes des candidats à l’élection présidentielle ?
Notes :
(4) https://www.education.gouv.fr/les-reseaux-d-aides-specialisees-aux-eleves-en-difficulte-rased-11312
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